La
sagesse sur lièvre Apprendre
à son chien à respecter les lièvres tient souvent du casse-tête pour
bon nombre de chasseurs. C’est pourtant une pratique qui est courante
chez les amateurs de field-trial, qui sont obligés d’en passer par là. En
premier lieu, il convient de faire la différence entre ce que peut
attendre un chasseur de son chien et ce que doit exiger un conducteur en
field-trial de son futur trialer, face au gibier à poil et au lièvre en
particulier.
L’amateur
de field, pour sa part, demandera à son chien de dédaigner totalement
les lièvres. Celui-ci devra parcourir la plaine en quête de couple de
perdrix et ne porter aucune attention aux lièvres qui souvent viendront
à sa rencontre, la période du bouquinage correspondant exactement avec
celle des fields de printemps. Certains chiens comprendront rapidement ce
que l’on attend d’eux et délaisseront toute piste de lièvre, dès
l’instant où ils verront que leur maître n’y porte aucune attention.
Il
en ira différemment du chasseur qui veut encourager son chien à
rechercher ce gibier et qui le complimentera donc après chaque action
bien menée. C’est
cette différence de comportement de l’utilisateur, qui influera
directement sur le comportement de son compagnon. Il
serait aussi inutile qu’un chien de field marque toutes les pistes de lièvre,
délaissant ainsi les perdreaux qui sont le support essentiel des
concours, que désagréable qu’un chien de chasse ignore les capucins et
les laisse partir dans son dos. Les
premiers respects de poil Plutôt
que de traiter le problème directement sur le terrain face aux lièvres,
ce qui risque d’être plus traumatisant, nous allons prendre cette éducation
à la base, en amont de toute rencontre. C’est lors de votre prise en
main, au sortir du dressage, lorsque votre chien commencera à vous obéir
correctement, que vous devrez l’éduquer. Dans
ce paragraphe, nous allons appréhender les deux côtés de l’éducation,
d’une part celle que le chasseur donnera s’il compte chasser les lièvres
avec son chien, d’autre part celle de l’amateur de fields qui
souhaitera que son compagnon se désintéresse totalement de ce gibier. Beaucoup
de chiens vivent en parfait entendement avec les chats. Il est même fréquent
de voir certains chats couchés en rond entre les pattes du chien de la
maison. Ce consensus s’établit du fait que les deux congénères sont
immobiles. Si le chat se met à courir, il n’est pas rare que le chien,
qui deux minutes avant l’avait entre les pattes, ne lui fasse un petit
brin de poursuite. C’est
de cette situation qu’il vous faudra profiter au début de votre
dressage sur le poil, quelquefois même en la provoquant. Il ne faudra pas
en conséquence inciter votre chien à courir les chats, mais bien à les
respecter. Dès que vous verrez votre compagnon entamer une course
poursuite, vous le bloquerez d’un “Non” bien autoritaire. Une fois
ce réflexe bien acquis, vous le verrez hésiter à partir et vous
regarder d’un air soucieux. Il ne faudra pas le récompenser sur cette
action, mais bien continuer à le bloquer, même s’il n’a pas bougé,
pour bien manifester votre mécontentement. Une fois ce respect obtenu,
vous aurez fait déjà la moitié du chemin. Fort
de cette éducation de base, vous pourrez commencer à mettre votre élève
en présence de lapins, soit dans un parc à gibier avec de véritables
garennes, ce qui est idéal, soit dans votre jardin avec un lapin
domestique, que vous aurez un peu entravé. Sur
cette action, le chasseur aura la possibilité de faire arrêter son
chien, puis de lui faire respecter le départ de l’animal. À
l’inverse, l’amateur de fields, en faisant partir le lapin, devra
faire en sorte que son chien l’ignore et ensuite le respecte. En
alternance avec la mise en présence de lapins, vous aurez la possibilité,
suivant le principe déjà établi lors de la sagesse à l’envol, de
travailler votre compagnon de façon artificielle. Pour ce faire, il
faudra vous munir d’un lance-apportable, qui fonctionne avec des balles
à blanc et d’un apportable rond comme une balle de dix centimètres de
diamètre. Cet apportable sera revêtu préalablement d’une peau de
lapin. Sans prévenir votre chien que vous laisserez quêter devant vous,
vous tirerez d’abord dans sa direction, en prolongement de sa quête,
afin que l’apportable le dépasse, en bondissant et en roulant à côté
et devant lui. De cette façon, vous pourrez le bloquer à la vue de cette
boule de poils. Cet exercice peut être profitable pour le chien de chasse
comme pour le chien de field. Pour
le chien de field, cet apportable sera tiré au ras du sol dans toutes les
directions. Vous obligerez le chien, qui, en entendant la détonation, se
sera arrêté, à repartir en sens inverse de la direction de l’apportable.
Cet automatisme, s’il est compris, pourra être d’un grand secours sur
les lièvres, dont le chien ne poursuivra ni la piste ni la vue. Dans le
cas de la mise au point du chien de chasse, on demandera à l’élève,
au bruit de la détonation et à la vue de l’apportable, de respecter le
départ et ensuite de rapporter l’apportable recouvert de poil. Cet
exercice aboutira à terme au tir de deux ou trois lapins devant le chien,
afin de parfaire sa mise au point et la finition de cet exercice. La
mise en présence de lièvres
Jusqu’à
plus soif Pour
le jeune chien qui ne connaît pas la plaine et se grise de vitesse, il
est souvent agréable de courir un ou deux capucins. C’est en partant de
cette passion de la poursuite que l’on peut également réussir à le guérir
ce défaut. Pour cela, vous vous rendrez avec votre jeune élève sur un
territoire qui en est particulièrement riche, sans être trop coupé par
des routes. Au bout de deux ou trois lacets, il ne manquera pas de lever
un lièvre qu’il poursuivra avec acharnement. N’intervenez absolument
pas, si ce n’est pour signaler à un aide, qui suivra votre élève en
voiture pour prévenir une éventuelle traversée de routes, de rester
avec le chien toujours à vue. Au bout d’une bonne dizaine de minutes,
lorsque votre chien reviendra, la langue sur les talons, ne le réprimandez
pas, soyez distant, comme si rien ne s’était passé, mais incitez-le à
repartir dans sa quête, sans lui donner à boire. Dans les deux ou trois
lacets qui suivront, il relèvera un animal, qu’il s’empressera de
poursuivre, mais avec moins de violence et moins loin. Dès que votre
chien reviendra, même s’il se couche, obligez-le à repartir toujours
sans boire et dirigez-le vers un gîte potentiel, où un autre capucin lui
giclera devant le nez. Il est bien rare que cela ne l’amène pas alors
à se poser des questions et qu’il ne se retourne vers vous pour vous
interroger, n’ayant plus la force de poursuivre. En
continuant dans le même sens, le prochain capucin qu’il lèvera
l’obligera presque à s’arrêter. À partir de ce moment et seulement
à ce moment, il conviendra de rentrer le chien à la caisse et de lui
donner une ration d’eau bien méritée. Dès le lendemain, vous
recommencerez dans les mêmes conditions, et vous verrez presque toujours
votre élève se bloquer au départ des lièvres, car il se souviendra des
poursuites de la veille. Si cette méthode est efficace sur les chiens
passionnés mais intelligents, qui comprennent donc vite où se situe leur
intérêt et quel gibier ils doivent rechercher, elle ne présente aucun
moyen coercitif, d’où quelques rechutes éventuelles. Avec ce principe,
il est impératif que le chien ne puisse pas attraper un lièvre à la
course, car là le remède ne ferait qu’aggraver le mal et vous
demanderait, pour arriver à vos fins, des moyens plus incisifs. Pour
les chiens les plus “enragés” du lièvre, tout est à essayer. La
sagesse arrive souvent avec le temps, plus par routine que par le fait
d’avoir trouvé la clef du problème. Attention avec ces chiens, même
si tout semble rentré dans l’ordre, rien n’est totalement guéri et
une rechute, même si elle est rare est toujours possible. Celle-ci
survient souvent au moment où l’on s’y attend le moins, lors d’un
concours, le plus fréquemment. Les
grands remèdes Malgré
tout ce travail de préparation, des chiens restent très durs sur cet
animal et ont besoin de remèdes plus radicaux. La petite cartouche, citée
précédemment, est une excellente thérapie et porte ses fruits au même
titre que pour la sagesse au feu, encore
faut-il que le lièvre vous parte pratiquement
dans les bottes. Si l’occasion ne se présente pas facilement, un lapin
de garenne ou un lièvre d’élevage peut lui être substitué. De cette
façon il vous sera possible de provoquer volontairement la faute, afin de
mieux la corriger. L’autre
remède employé régulièrement par les dresseurs professionnels est
l’utilisation du collier électrique. Il est certain que cet instrument
peut être d’un excellent secours dans un pareil cas, lorsque toutes les
autres tentatives sont restées vaines. Cet appareil doit être mis dans
des mains expertes et utilisé de façon juste et sereine, en parfaite
connaissance du caractère de l’élève qui en subira les conséquences.
C’est en fonction de cela que le dresseur appréciera l’intensité et
la durée des impulsions à donner, en ayant bien sûr étalonné
l’appareil sur le chien. Le
dresseur devra juger également de l’opportunité à utiliser cet
instrument, car, si le chien soumis aux décharges électriques en
poursuivant un lièvre lève un couple de perdrix, il risque bien d’être
guéri de la poursuite des capucins, mais aussi de l’envie de rechercher
les perdreaux. Certains
dresseurs utilisent un moyen qui, s’il risque de coûter assez cher, est
assez radical et somme toute assez juste. Face à un chien difficile à dégoûter
de son attrait pour les lièvres, ils équipent un lièvre, acheté en élevage,
avec un collier électrique autour du corps et le lâchent devant le chien
qui ne manque pas de le poursuivre et de le rattraper. Dès que le chien
s’en saisit, ils envoient une décharge très forte, si bien que le
chien est puni par l’objet même de sa poursuite. Ce remède est
radical, mais demande de prendre quelques précautions, puisqu’il arrive
parfois que le lièvre s’échappe avec le collier. Ce
travail sur lièvre, quelle que soit la solution employée pour arriver à
vos fins, doit impérativement se dérouler après que le chien est
parfaitement créancé sur perdreaux. C’est en premier lieu ce gibier
qu’il doit rechercher, quelle que soit la densité de lièvres sur le
territoire. Il est évident qu’il faut donc avant tout montrer des
perdreaux à votre chien, avant de lui donner l’occasion de rencontrer
trop de lièvres. Une
saison entière d’entraînement est parfois nécessaire pour dégoûter
totalement un chien du lièvre. De ce fait, la saison de fields est également
gâchée, car le chien hésite ensuite à courir pour trouver les
perdreaux, de peur de rencontrer des lièvres. Il faut donc de la patience
et laisser le chien digérer son dressage, plutôt que de le bloquer en
lui montrant trop de lièvres. Seul le contact avec les perdreaux lui
permettra de repartir et de retrouver sa passion de la recherche.
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