STRESS ET PERFORMANCE CHEZ LE CHIEN DE CHASSE ET DE CONCOURS

Le stress

Définition :

Le stress est le processus par lequel des stimuli qui troublent ou interfèrent avec l’équilibre normal de l’organisme.

Réactions au stress :

 La réaction physiologique normale au stress de l’organisme est une augmentation de la production de glucocorticoïdes, catécholamines et glucagon qui sont des métabolites normaux de l’organisme et qui sont dans un premier temps bénéfiques pour l’organisme. Le problème réside dans la durée : ces mêmes molécules engendrent à terme des désordres métaboliques, notamment des troubles d’immunosuppression (l’organisme se défend moins bien des agressions bactériennes ou virales), des troubles d’hypothyroidie (c’est un problème fréquent dans la reproduction du Greyhound), voir des morts subites. La manifestation la plus fréquente est une diarrhée banale

Cas particulier des chiens d’arrêt :

Quelles sont les causes de stress chez les chiens d’arrêt :

 1°) Le transport : bien que les chiens y soit habitués la route est un stress et si vous voulez avoir des performances optimales il vaut mieux arriver sur les lieux ou du moins à proximité la veille. 

2°) les conditions physiques de concours avec des températures souvent variées plus fréquemment froides que chaudes et d’humidité. Lors d’un exercice physique la température du corps augmente ; dès que l’on arrête elle a tendance à redescendre mais il faut pas mal d’énergie pour que la peau sèche. L’exercice entraîne une vasodilatation au niveau de la circulation sanguine musculaire le froid surtout associé au vent entraîne une vasoconstriction donc une mauvaise irrigation musculaire donc essayer de sécher ou du moins de mettre votre chien à l’abri du vent. Lorsque vous avez terminé il faut sécher le chien avant de le remettre dans le véhicule pour éviter l’humidité dans le véhicule qui va se refroidir beaucoup plus vite ; penser que les chiens vont rester dans le véhicule la nuit suivante et que l’humidité et le froid entraînent une dépense importante en calories ; il est fortement conseillé avant de le rentrer de le détendre en lui faisant faire une bonne marche qui lui permettra une meilleure récupération, la récupération active, tous les sportifs le savent, est bien plus efficace que la récupération passive ; de plus c’est une détente mentale 

 3°) Les conditions mentales : le conducteur est plus ou moins tendu et peut tromper les examinateurs et ses concurrents mais pas son chien…qui bien qu’il soit entraîné ressent parfaitement le stress de son conducteur. De plus si les compétitions durent deux ou trois jours vous augmentez le stress et il faudra donc veiller à une récupération tant physique que mentale entre les concours.

 Conditions préalables :

 D’abord le programme de vaccination :

 1°)Maladies classiques :

 maladie de Carré, parvovirose, leptospirose, c’est connu de tous le monde mais on voit tous les jours des chiots mal vaccinés. Pourquoi : classiquement l’éleveur et c’est bien normal veut vacciner ses chiots le plus tôt possible donc à sept ou huit semaines pour pouvoir les faire partir juste après les huit semaines légales ; l’acheteur fait faire son rappel de vaccin quatre semaines plus tard c’est normal on le lui a dit. Bilan le chiot est mal voire pas vacciné…surtout contre la parvovirose. Explication : à sa naissance le chiot ingère d’abord le colostrum qui contient des anticorps fabriqués par sa mère qui passent la barrière digestive du chiot pendant les 24 à 36 premières heures de sa vie .Ces anticorps constituent un pool passif qui va se détruire progressivement au cours du temps mais qui risque de « neutraliser » le vaccin. La qualité de ce pool se révèle extrêmement variable selon le nombre de chiots et les réponses immunitaires de la mère. L’expérience montre que pour la maladie de Carré il y a une protection du chiot de six à neuf semaines ce qui est compatible avec le protocole vaccinal que je viens d’évoquer.Par contre pour la parvovirose il existe une variabilité beaucoup plus importante qui fait que le chiot est protégé de six à quatorze semaines. Ce qui fait que notre protocole vaccinal précédent est mauvais… Il est indispensable qu’un chiot issu d’un élevage indemne de parvovirus ait sa dernière injection contre la parvovirose après l’age de trois mois. Pour ce qui est de la leptospirose il n’y a pas de problème avec les anticorps maternels. Ces vaccins nécessitent des rappels annuels surtout pour des chiens de compétition. La vaccination contre les leptospiroses est impérativement annuelle car la protection est médiocre, les leptospires sont fréquentes dans les zones humides ou l’on trouve rats, rat musqués et ragondins ce qui est le terrain de prédilection de la chasse au gibier d’eau. 

2°)Toux de chenil : 

Ce n’est pas une maladie mais un syndrome c’est à dire que plusieurs agents différents peuvent être à l’origine des mêmes symptômes. Parmi les agents responsables on trouve virus parainfluenza , Bordetella bronchiseptica et virus herpes. Pourquoi voit on aussi souvent des toux de chenil ? La raison est simple : il existe des chiens porteurs sains c’est à dire qui hébergent un de ces agents sans exprimer de maladie ce qui permet la contagion et fait que lorsque les défenses immunitaires diminuent, en cas de stress par exemple ces animaux peuvent aussi déclencher les symptômes. Conduite à tenir : l’immunité induite par les vaccins est variable en durée mais est souvent inférieure à un an. Il existe deux types de vaccin les injectables et ceux qui sont utilisés par voie intra-nasale qui ont le mérite d’induire plus rapidement l’immunité. Il est très important de vacciner tous le cheptel et au fur et à mesure de leur arrivée au chenil tous les arrivants, et, si possible, de les mettre en quarantaine c’est à dire sans contact avec les autres pendant un minimum de huit jours. Il est quand même idiot de travailler pendant des mois et de se retrouver avec un chien malade le jour de la compétition… 

3°)les maladies transmises par les tiques :

Que ce soit pendant les périodes d’entraînement ou de compétition, le chien rencontre fréquemment des tiques qui peuvent transmettrent :

 a) piroplasmose : le babesia (c’est le nom du parasite) est un parasite de l’hématie (globule rouge) qui entraîne les symptômes connus comme température urine plus ou moins colorées, inappétence etc.…, mais qui ne sont pas toujours présents. Pour ce qui est de la vaccination, le fabricant du seul vaccin sur le marché dit qu’elle doit, pour être efficace , être pratiquée avant tout contact avec le parasite vers l’âge de quatre mois pour la première injection. C’est peut être pour cela que la vaccination n’a pas la réputation d’une parfaire efficacité. 

Attention toutes les urines colorées ne sont pas des symptômes de piroplasmose : la rhabdomyolyse (maladie musculaire due à des problèmes notamment lié au manque d’échauffement) entraîne une myoglobinurie qui a le même aspect et au printemps en Beauce les urines colorées traduisent beaucoup plus fréquemment un problème musculaire qu’une piroplasmose.

  • b) La maladie de Lyme. : l’agent de la maladie est une bactérie du genre Borrelia qui est sensible aux antibiotiques. La forme aiguë de la maladie est un syndrome fébrile avec des localisations articulaires ; mais il existe souvent des formes plus ou moins inapparentes où la fièvre passe inaperçue qui peuvent se traduire par des baisses de performance ou des arthralgies. Un vaccin a été mis l’an passé sur le marché.

 

  • c) Les erhlichioses : connues surtout dans la moitié sud de la France, elles se traduisent par une anémie avec des hypertrophies ganglionnaires. Elles se traitent par des antibiotiques, cyclines notamment . Il est fortement recommandé de faire une chimioprévention des tiques avec des produits insecticides rémanents de préférence en spray plutôt qu’en spot on ou avec des colliers spécifiques (à déconseiller quand les chiens sont plusieurs ensemble) en respectant bien les conseils du fabricant quant à la dose administrée.

 

 Entraînement : 

L’entraînement de tout sportif doit être progressif et commence par la mise en condition physique.Mise en condition physique : il est indispensable de se fabriquer un programme qui doit respecter les conditions suivantes :

  • a) Tout entraînement doit commencer par un échauffement qui sera une marche de cinq à dix minutes. b)L’entraînement sera progressif, fractionné et calculé de manière à être prêt au bon moment, donc à être prêt avant : il est plus facile de maintenir la forme ensuite.

  • c) La récupération sera la plus active possible : au pas en laisse et après chaque phase d’entraînement.

  • d) Indicateur de progression : temps de récupération respiratoire et /ou cardiaque qui se mesure en fonction du temps passé pour retrouver le rythme respiratoire ou cardiaque du même animal au repos.

Mise en condition technique et mentale : à chacun sa technique en fonction de ses terrains d’entraînement , en sachant que quelques points faciles améliorent le moral des troupes,…mais elle peut participer en partie à l’entraînement physique.

Le management post entraînement :

Après chaque séance d’entraînement ou de compétition il est indispensable de bien examiner votre chien  avant de le mettre au repos :

a) de vérifier son aspect physique, une absence de boiterie ou de déformation musculaire.

b) de le rincer s’il a travaillé en terrain salissant

c) de vérifier l’extrémité de ses membres : ongles, espaces interdigités, soles voir d’éventuelles petites plaies ou corps étrangers, retirer les épillets avant qu’ils ne franchissent la barrière cutanées. Lors des entraînements de printemps  parfaitement nettoyer la terre entre les soles qui en séchant va faire des boules très dures qui abîment les espaces interdigités. Cas particulier des plaies franches en général du à des morceaux de verre ou métalliques : se méfier des atteintes tendineuses qui demandent une réparation chirurgicale rapide car il y une rétraction musculaire qui empêche toute suture tardive.

d) vérifier les yeux : paupières et cul de sac conjonctivaux, notamment en période estivale où le chien peut récupérer petites graines voir épillets qui causeront moins de dégât s’ils sont retirés tôt. Avoir à disposition une solution pour rincer si besoin les culs de sac conjonctivaux et un collyre ou une pommade antibiotique sans corticoïde (qui aggraverai une éraflure ou un ulcération de cornée)  

Il est indispensable après chaque entraînement de faire boire le chien à volonté et si possible de lui laisser de l’eau durant la nuit ce qui n’est pas toujours facile, en cas d’impossibilité, il  faut lui redonner à boire à volonté dans la soirée. L’eau est indispensable pour lui permettre d’éliminer les produits du catabolisme de l’effort et du stress.  

Un chien d’arrêt sera au top au bout de plusieurs saisons et l’arrêt de tout entraînement annule en environ un mois l’effet de celui ci pour le physique. Afin d’éviter un programme reprenant la base il faudra au moins une séance hebdomadaire pour entretenir un minimum de forme et ne pas être obligé de reprendre la partie physique à zéro.

Le surentraînement :

Définition : surmenage qui peut être physique et /ou psychique.

Les causes sont de plusieurs ordres :

            1°) programmes d’entraînement  avec un accroissement trop rapide que ce soit sur le plan physique ou psychique : propriétaire ou entraîneur trop pressé.
           
2°) Pas assez de temps de récupération entre les entraînements, les compétitions ou simplement le voyage.

Les signes :
           
1°) Fatigabilité, mauvaise exécution d’exercice régulièrement bien exécuté.
           
2°) Excitation
           
3°) Baisse d’appétit ou perte de poids
           
4°) Récupération retardée par rapport aux performances précédente du même chien ;

Conduite à tenir : réduire un peu la charge de travail, en entretenant le physique et en le remotivant par des exercices plus simple toujours bien exécutés.
           
5°) Essayer de diminuer le stress.

Alimentation et stress :

On n’utilise plus de préparation « ménagères » pour nourrir les chiens de compétition les fabricants d’aliments ont des gammes maintenant bien adaptées. Les recherches étant surtout faites pour des chiens de course, il faudra se souvenir que les quantités seront variables selon les individus et qu’il faut adapter le régime en fonction de chaque individu. Pour chaque chien il existe un poids de forme et que ce poids sera toujours celui d’un chien légèrement enrobé et ni trop gras ni trop maigre. Il convient d’utiliser pour les chiens de compétition des aliments avec des taux de protéines digestibles élevés et hyperdigestibles (avec des amidons précuits et relativement riches en lipides insaturés) ; la lecture des étiquettes n’est pas toujours simple à analyser.

La digestion du chien étant relativement rapide les chiens destinés à la compétition auront intérêt à être alimenté deux fois par jour à raison d’un tiers de la ration le matin environ trois heures avant l’entraînement ou la compétition, ce qui permet que l’estomac soit vide mais que les nutriments circulants soit immédiatement disponibles sans stockage préalable et des deux tiers le soir deux heures après l’entraînement ou la compétition.

Manifestations du stress :

            1°) Ulcérations gastriques : liées au surentraînement et aussi et surtout à l’utilisation associée d’anti-inflammatoires non stéroïdiques. Les symptômes sont des vomissements contenant du sang ce qui doit vous amener à consulter rapidement votre vétérinaire
           
2°) Les diarrhées de stress : diarrhées plus ou moins intermittentes plus ou moins liquides qu’il faut traiter avec un antispasmodique (Diarsed Nd) et un pansement digestif (smectite, montmorillonite)

Conduite à tenir : 
faire vider le chien avant l’exercice en sachant qu’à l’heure actuelle avec les aliments hyperdigestibles utilisés la digestion totale de l’aliment dure, de 14 à 16 heures, d’où l’intérêt de nourrir les chiens tôt dans la soirée. Pour les chiens qui ont plus ou moins régulièrement ces problèmes il faut remettre en question la méthode utilisée surtout pour la partie psychique et la modifier.

Dr Yves Piedvache