L’ÉDUCATION DU JEUNE CHIEN

DEUX CAS DE FIGURE

Votre chien a juste un an au moment de l’ouverture :

Vous n’avez pas pu choisir votre nouveau compagnon sur une portée de fin d’hiver ou de printemps, mais en fin d’été. De fait, il ne vous a pas été possible de commencer son dressage durant l’année qui l’a vu devenir adulte, seule une bonne éducation de base a pu lui être donnée.

Si au premier abord cette situation vous a un peu “chagriné”, très vite vous avez saisi tout l’intérêt de pouvoir faire chasser votre jeune élève durant une saison complète avant d’entamer son dressage proprement dit. Bien sûr, il ne vous sera pas possible dans un premier temps de lui demander de vous accompagner une demi-journée et à plus forte raison une journée entière. Seules quelques heures suffiront pour lui permettre de prendre contact avec le milieu de la chasse.

Son jeune âge, malgré une taille pratiquement adulte ne lui confère pas la résistance suffisante pour maintenir un effort soutenu. Derrière les autres chiens, il commencera à apprendre la recherche du gibier. Pour le maître c’est une saison en demi-teinte qui s’amorcera, car il faudra savoir pardonner les péchés de jeunesse de son élève.

Pour apprendre à connaître le gibier, il devra plus souvent le bousculer que respecter l’arrêt des chiens qui seront en sa compagnie. Il n’y a ici rien d’infamant, tous les jeunes chiens ont bourré du gibier, puis l’ont poursuivi ensuite.

Trop souvent, le chasseur lambda confond qualités naturelles et dressage, car cela l’arrange un peu il est vrai.

De nombreux jeunes chiens biens nés ont de façon naturelle un excellent arrêt et parfois même un semblant de sagesse à l’envol, face aux deux ou trois premiers oiseaux qu’ils rencontrent. Après les choses se gâtent souvent rapidement au contact des gibiers suivants et les belles résolutions d’arrêt et de sagesse qui laissaient pantois le maître et béats d’admirations les collègues, s’envolent aussi vite que le jeune chien met de volonté à bourrer le gibier et à le poursuivre.

Face à cette situation, il ne faut en aucun cas sévir, même si cela en coûte au maître, car le faisan bousculé pourra facilement être retrouvé, cela ne sera pas toujours le cas de la bécasse qui après deux ou trois levées ira plus loin chercher un plus de sérénité.

Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser et même envisager, c’est ici que leur compagnon forgera son caractère de chercheur. Le fait de lever du gibier lui donnera l’envie de recommencer et l’obligera à chercher. Cette recherche est le début de l’apprentissage, qui même s’il est un peu brouillon, donnera à coup sûr à votre jeune élève ce qui manque à la plupart des chiens de son âge, le sens du gibier et de la place.

Ce n’est pas un chien qui arrête parfaitement le gibier, mais qui en laisse une bonne partie derrière lui qu’il vous faut, c’est un chien qui trouve des oiseaux où bien d’autres feront buisson creux.

En matière de dressage, une chose est primordiale, si votre chien n’a pas encore été dressé à l’arrêt, il a le droit de bousculer le gibier. J’irai même jusqu’à dire que cela ne peut que lui être bénéfique. Si à l’inverse il a reçu une éducation sur l’arrêt, c’est à vous de lui faire respecter.

Dans le premier cas, il pourra sortir en compagnie d’un vieux chien bien routiné qui sera durant une saison son professeur, non pas pour l’arrêt, mais pour lui apprendre à découvrir le gibier. À l’inverse si son éducation a été plus élaborée et son arrêt travaillé, il est conseillé de le sortir seul.

C’est pour cette raison qu’il est très important qu’il ait avant tout le sens des oiseaux et de la place, ce qui ne peut s’apprendre de façon parfaite, qu’en bousculant et en poursuivant.

En fait il faut durant cette première saison être très tolérant, pour profiter ensuite de l’acquis de votre élève.

Seul un bon rappel est essentiel, c’est ce que vous vous attacherez à obtenir de votre compagnon durant cette saison de découverte et d’apprentissage.

Votre chien a entre un an et demi et deux ans, il a donc reçu un dressage de base :

Dans ce second cas, le problème se pose de façon toute différente du premier. Votre jeune élève a en fin de saison passée pu chasser un peu en compagnie de chiens plus routinés et de ce fait a pu se passionner sur le gibier. Durant l’inter-saison, vous lui avez apporté les rudiments de base d’obéissance, puis dans les derniers mois avant l’ouverture, vous l’avez dressé ou fait dresser par un professionnel.

Vous êtes maintenant en possession d’un sujet qui a reçu une certaine éducation, qui répond à des ordres bien précis et qui a acquis un bon nombre de réflexes face à des situations précises. En bref, il peut être considéré comme débourré si sa sagesse et son rapport sont encore à travailler, ou dressé s’il est sage à l’envol voire au feu et que son rapport est correct.

Plus âgé, votre chien a maintenant une bonne résistance, ce qui va vous permettre de profiter de lui une journée entière. Attention, dans le cas de fortes chaleurs lors des journées d’ouverture, de nombreuses haltes à l’ombre sont conseillées, durant lesquelles votre compagnon pourra s’abreuver, ou se tremper totalement dans l’eau.

S’il est à bout de forces ou accablé par la chaleur, votre élève ne pourra pas travailler dans de bonnes conditions. Il vous faudra donc veiller à ce qu’il reste toujours suffisamment frais pour rechercher et arrêter le gibier de façon correcte.

Ici vous l’avez compris, il ne s’agit plus de lever du gibier, mais de le travailler dans les règles de l’art, c’est-à-dire de l’arrêter et de le respecter.

Si durant la première saison d’approche, votre jeune élève vous a causé quelques soucis en bousculant les oiseaux, cette saison risque bien elle aussi d’être entachée de quelques regrets, car il vous faudra être intransigeant face au travail de votre compagnon.

Plus question de tirer un oiseau qui aura été bousculé, ou qui n’aura pas été travaillé par votre élève. La bonne marche de l’ensemble de son dressage en dépend. Trop de chasseurs pensent qu’une fois le chien sorti du dressage, il n’ont qu’à le mettre en présence de gibier pour que tout se passe bien.

En règle générale, un dresseur conserve un chien durant un à deux mois pour lui donner une éducation de base suffisante. Ensuite, c’est à son maître d’assurer le suivi du dressage. Chez un jeune élève, rien n’est définitivement acquis. Son apprentissage n’a été que la somme de réflexes conditionnés face à des situations précises, le tout conforté par des qualités naturelles plus ou moins grandes. Pour que tout rentre parfaitement dans l’ordre et devienne de véritables qualités de chasseurs, le maître devra prêter beaucoup d’attention à son jeune élève durant ses premières sorties.

BIEN PRÉPARER SA PREMIÈRE JOURNÉE DE CHASSE / LES PRINCIPES DE BASE EN AMONT

Votre chien est maintenant prêt et l’ouverture est toute proche. Vous avez pu avec patience repasser tous les commandements du dresseur et faire accepter à votre élève cette routine, de façon à ce qu’il s’exécute parfaitement. Une seule chose lui manque, l’expérience.

Pour arriver à appréhender sereinement cette première journée, vous devrez être parfaitement prêt et capable de vous retourner dans toutes les situations qui risquent de se présenter. Afin d’éviter trop de déconvenues, il est préférable de partir sur des bases saines et bien préparées.

En premier lieu, il est impensable que vous mettiez votre chien dans des situations qu’il ne dominera pas et vous n’auriez pas prévues. Donc, la découverte est pratiquement à prescrire pour cette première journée. Même si cela vous semble très apprêté et manquer de naturel, il est important que votre chien se sente sécurisé par des situations qu’il connaît parfaitement. En fait cette première journée, ou plus précisément matinée, sera le reflet exact de ce que le dresseur lui aura appris et que vous lui aurez fait répéter. Bien que pour vous cela ne sera plus de l’entraînement, vous devrez y apporter autant de rigueur. Cette première sortie en compagnie de votre élève, sera en dimension réelle la mise en pratique de toutes les heures de répétition passées en sa compagnie. Même si psychologiquement cette journée vous fait passer une étape, elle ne doit pas vous faire oublier, pas plus qu’à votre élève, la somme de travail qui l’a précédée.

C’est pour cette raison que vous devrez partir avec un chien en forme, c’est-à-dire en bonne condition physique. Un chien trop gras ou manquant d’entraînement serait vite épuisé et sur vos talons.

Après une période de repos assez longue, en plus d’une remise en forme, une remise aux ordres sera nécessaire, afin de partir avec un chien parfaitement obéissant. Pour ce faire une reprise très rapide de la marche aux pieds, du rappel et de l’immobilisation à distance suffira. Un petit assouplissement à l’aide d’un apportable en travaillant la sagesse peaufinera la remise en main. Si vous avez travaillé précédemment votre chien, comme il aurait du l’être à la sortie de son dressage, il s’exécutera sans aucun problème.

LES CONDITIONS DE MISE AU TRAVAIL SUR LE TERRAIN

Même avec un chien parfaitement préparé, on ne peut pas partir dans n’importe quelle condition ce premier jour. La première règle à respecter est de partir seul et avec un seul chien. Le contact avec d’autres chiens et d’autres chasseurs ne pourra que perturber votre élève. Le jour où vous déciderez de vous faire accompagner d’un ami et de son chien, il faudra vous assurer de sa rigueur. En premier lieu si son chien n’arrête pas parfaitement, ou simplement ne patronne pas, il risque de mettre très rapidement le votre à la faute sans que vous puissiez intervenir. D’autre part, si votre élève n’a été préparé qu’en solo et ne connaît encore rien du couple, inutile de le pousser à la faute par jalousie.

Lors de vos premières sorties de chasse, il n’y a malheureusement pas uniquement que le comportement des autres chiens dont il faudra se méfier. Les agissements des maîtres sont souvent à l’image de celui de leurs compagnons. Si leurs chiens n’arrêtent pas, c’est qu’ils ont souvent été poussés à bourrer le gibier, par inexpérience ou par souci de tuer un peu plus que le voisin. Cette promiscuité est totalement à proscrire.

Si vous souhaitez par la suite faire partager votre plaisir de la chasse au chien d’arrêt à un ami, il devra avoir exactement la même éthique que vous et respecter les mêmes règles.

Il y a quelques mois encore, lorsque votre jeune élève devait être passionné, vous deviez tirer tout le gibier qu’il levait, même s’il ne l’avait pas arrêté. Les choses ont maintenant bien changé. Il a reçu une bonne éducation et arrête parfaitement le gibier. C’est donc tout l’inverse que vous allez devoir pratiquer. Vous ne devrez tirer que le gibier que votre compagnon aura arrêté et rigoureusement respecté. Il serait vraiment inutile d’exiger certaines choses lors du dressage et de la prise en main, si lors de votre première journée de chasse vous manquiez totalement de rigueur et laissiez libre court à votre instinct de prédateur.

NE TIRER QU’ UN OISEAU PARFAITEMENT RESPECTÉ

Ne craignez rien, les occasions manquées en début de chasse, pour cause de désobéissance de votre élève, vous seront restituées quelques années plus tard, lorsque vous chasserez en totale complicité avec un chien parfaitement mis. Même si cela semble logique et qu’il est facile de se raisonner lorsque quelques perdreaux ou faisans lâchés seront bousculés par votre compagnon, il vous en coûtera certainement beaucoup plus lorsque à la place de ces oiseaux de volière se trouveront les premières bécasses ou bécassines. J’avoue moi-même avoir levé le fusil plusieurs fois dans ces conditions, pour le redescendre ensuite en pestant de tous les diables, contre la boule de poils qui me servait de chien de chasse et qui aurait pu avec un peu plus de prudence, être un chien d’arrêt.

C’est dans ces conditions précises qu’il est interdit au chasseur de succomber à la tentation, au risque de compromettre tout le travail exécuté précédemment. Il faut se persuader, même si cela ne fait pas grossir le carnier, que le fait de ne pas tirer un oiseau bourré ou poursuivi sous l’aile, est extrêmement profitable au chien, dans la mesure où sa faute est relevée et corrigée avec une mise à l’immobilité à l’endroit précis ou il aurait du arrêter. Tenu compte du dressage qu’il aura acquis auparavant, il enregistrera et comprendra très facilement cette leçon. D’autre part, si votre oiseau bousculé n’a pas été tiré, vous aurez beaucoup plus de chances de le retrouver dans un périmètre proche. Cette nouvelle occasion de rencontre permettra de mettre à l’épreuve votre élève et dans le cas d’un arrêt vous confortera dans votre conduite.

À l’inverse, si vous aviez tiré l’oiseau bousculé par votre chien, il vous aurait certainement été beaucoup plus difficile de lui faire respecter l’arrêt suivant.

Cet ensemble d’actions qui peuvent paraître anodines au néophyte et même parfois au chasseur plus aguerri, est le garant d’une bonne éducation chez votre compagnon et surtout d’une grande complicité, pour des années durant.

Fort de ces préceptes et convaincu de leur bien fondé, vous allez pouvoir partir dans de bonnes conditions vers les terrains de chasse. La première demi-heure de chasse risque fort d’être assez brouillon, car votre jeune compagnon même s’il n’est pas en contact direct avec d’autres chasseurs ou d’autres chiens, aura certainement l’occasion de voir voler du gibier et entendra des coups de feu. Tout cela risque de l’énerver et de le perturber.

Il sera donc profitable d’attendre un peu avant de l’amener sur un terrain où il risque de rencontrer du gibier. Une fois sa quête un peu canalisée, il sera beaucoup plus attentionné et réceptif. La première demi-heure passée, le feu roulant des détonations se sera calmé et votre compagnon commencera à chercher les émanations, plutôt que de regarder en l’air.

De votre côté, il vous sera parfaitement interdit de tirer un oiseau qui vous passerait à portée, si votre chien n’en à pas eu connaissance et ne l’a pas arrêté. Il vous est par contre possible de repérer sa remise et de tenter de le faire arrêter à votre compagnon.

RÉAGIR FACE AU PREMIER ARRÊT

Cette fois votre chien vient de bloquer un oiseau. Il est tendu et totalement tétanisé dans sa position. En fonction du biotope, vous devez rapidement prendre une décision. Soit vous allez rester derrière lui en essayant de le faire couler pour mettre l’oiseau à l’envol, soit vous allez passer devant, pour couper la refuite au gibier. Chaque situation est bien particulière et demande un placement approprié. C’est cette opportunité, qui vous mettra dans de bonnes conditions de tir, mais aussi qui vous permettra de bien contrôler votre compagnon.

En fait, ce n’est pas parce que vous avez un fusil dans les mains, que vous devez obligatoirement vous en servir, ni que vous devez délaisser votre compagnon lors de son travail. En tout état de cause, le tir du gibier n’est qu’une finalité et ne doit en aucun cas prévaloir dans un premier temps, à la rigueur qui entoure l’action d’arrêt et de sagesse à l’envol. C’est votre positionnement aux côtés de votre chien qui vous mettra dans de bonnes conditions de tir et qui vous permettra de bien le contrôler. En fonction du gibier qui risquera de se trouver devant son arrêt, vous pourrez anticiper sur l’action qui suivra. Un faisan d’élevage qui se sera glissé au plus profond d’un roncier, ne se travaillera pas de la même façon que la compagnie de perdrix rouges sauvages en bordure de vignes. Si dans un cas, l’un rechignera à décoller et obligera votre compagnon à le bousculer un peu, dans l’autre, il faudra toute la prudence voulue au chien pour bien s’assurer le contrôle de la compagnie et suffisamment de clairvoyance au maître pour bien se placer et espérer décrocher un oiseau.

Dans tous les cas, il faudra éviter de monter en trombe sur le chien, pour ne pas l’inciter à bourrer son arrêt. À l’inverse, il faudra le conforter dans son arrêt, en le caressant si possible sur l’action.

Une fois l’arrêt bien appuyé, vous pourrez si votre position vous semble correcte pour le tir,  essayer de faire couler votre compagnon, pour mettre à l’essor le gibier. Cette action est toujours critique, car elle met le chien en mouvement lorsque le gibier décolle. C’est ici qu’il faut être parfaitement sûr de la sagesse de son élève, car la déflagration du tir l’incitera encore un peu plus à partir sous l’aile.

LA SAGESSE À L’ENVOL EST PRIMORDIALE

Si toutefois après son arrêt, son coulé était un peu trop décisif et qu’il bousculait l’oiseau au point de le poursuivre, ne tirez pas et bloquez votre chien dans sa poursuite, pour le ramener à l’endroit même de sa faute. C’est ici que l’on perçoit réellement toute la difficulté de la mise en application du dressage en chasse pratique.

Ce cas de figure bien que complexe est particulièrement simplifié du fait que vous soyez seul avec votre élève. La présence d’un ou de plusieurs autres chiens et chasseurs serait autant de possibilités de fautes supplémentaires.

Bien sûr la sagesse à l’envol en chasse pratique reste un luxe qui n’est pas nécessairement obligatoire, mais un chien qui ne respecte plus l’envol cherchera toujours à prendre la main un peu plus. Un jour, il coulera avant que vous lui en donniez l’ordre, puis finira par se servir seul très rapidement.

Lors de votre première saison, il vaut mieux passer plus de temps à remettre les choses en ordre, que de penser à remplir votre carnier. Dans ce domaine, tout arrive avec le temps et les mieux servis seront souvent ceux qui auront su être les plus patients.

Que vous ayez provoqué ou non l’envol après l’arrêt, vous devrez vous assurer calmement de la sagesse de votre compagnon, avant de tirer la pièce de gibier. Cette action est d’autant plus facile que vous vous trouvez face à du gibier lâché. Le gibier naturel, ou ensauvagé depuis quelques mois a des défenses qui sont plus spontanées. Face à ce type de gibier votre chien, même s’il bouge un peu, comprendra très rapidement qu’il est inutile de poursuivre sous l’aile. D’ailleurs s’il est un peu “chaud” et serre de trop près l’oiseau, il le mettra à l’envol, ce qui aura pour principe de le rendre beaucoup plus prudent lors de ses prochains arrêts ou remontées d’émanation.

La qualité du gibier est bien sûr primordiale pour travailler l’arrêt du chien. Plusieurs tapes successives font parfois beaucoup plus pour raffermir un arrêt que le blocage d’un oiseau à très courte distance, lorsqu’il rechigne à décoller. L’arrêt du chien doit toujours rester utile  et efficace et ne jamais être exécuté par routine face à du gibier qui ne mérite pas ce nom.

Trop de propriétaires, sûrs du travail de leur compagnon, ont, pour épater les amis fait des démonstrations de pacotille, face à du gibier sans valeur. À ce jeu, qui est à la portée de vieux chiens routinés, des jeunes ont perdu dressage et passion de la chasse.

Évitez de sortir votre jeune élève, lorsque vous savez que du gibier peu volant a été lâché, ou lorsqu’il pleut. Dans ces conditions vous ne feriez que l’inciter à la faute. Si l’occasion vous en est donnée, cherchez plutôt bécasses et bécassines que le temps pluvieux ne gêne pas du tout à l’envol.

Lorsque votre première action de chasse s’est soldée par une poursuite sous l’aile, reprenez calmement votre chien, pour le faire coucher à l’endroit précis de sa faute. En plus de le faire réfléchir à son erreur, cela donnera au gibier qui a été bousculé le temps de se blottir de nouveau dans la végétation.

LA SAGESSE AU FEU RESTE FACULTATIVE

Après quelques minutes de calme, il vous sera possible de relancer votre compagnon et de reprendre votre action de chasse. Si cette fois tout se déroule dans l’ordre, avec un arrêt bien ferme et une parfaite sagesse à l’envol, vous pourrez tirer votre gibier.

Comme à l’impossible, personne n’est tenu, il vous sera certainement très difficile dans un premier temps de tirer le gibier et de veiller à la sagesse au feu de votre compagnon. En concours d’automne, cette sagesse est exigée de façon rigoureuse, ce qui est logique, mais ici vous êtes à la chasse et vous ne pouvez pas tirer et surveiller votre chien. Même s’il part au feu, pour rapporter, dans un premier temps laissez le faire, cela ne pourra que l’inciter à ramener le gibier plus spontanément. Il sera toujours temps plus tard, si vous décidez de l’inscrire à une épreuve d’automne, de vous faire aider par un ami pour tirer le gibier. Ceci vous laissera toute latitude pour surveiller la sagesse à l’envol et au feu de votre compagnon. Mais ne grillons pas les étapes et analysons de façon claire la situation.

Si par malchance, vous avez manqué le gibier, ce qui est possible, tenu compte de la pression qui pèse sur vous ce jour là, contentez vous de rappeler votre chien au pied, pour repartir chercher un autre oiseau. À l’inverse, si vous avez été chanceux dans votre tir, il vous reste à faire rapporter proprement votre pièce de gibier.

À chaud et dans le feu de l’action, beaucoup de chiens rapportent spontanément, si le gibier a été bien tué. Avec un chien un peu fragile sur le rapport, face à un oiseau uniquement désailé, la situation est toujours critique. En tout état de cause, il vous faudra agir avec calme et discernement. Une pièce de gibier reste une pièce de gibier et la terre continuera à tourner, même si votre chien ne la retrouve pas dans la seconde.

Dans un premier temps, il sera important d’essayer de localiser ce gibier, puis d’amener le chien dans de bonnes conditions pour qu’il puisse le retrouver et le rapporter. En cas de refus, insistez jusqu’à exécution parfaite du rapport. Lorsqu’il aura retrouvé l’oiseau, obligez si besoin est votre compagnon à prendre, puis à rapporter.

Après cette action parfaitement exécutée n’oubliez pas de le récompenser, par de nombreuses de caresses.

LA QUALITÉ DU TRAVAIL EST PLUS IMPORTANTE QUE LE NOMBRE DE PIÈCES PRÉLEVÉES

Cette action terminée, il vous reste à repartir à la recherche d’un autre gibier. Ici rien ne presse, si vous vous êtes volontairement éloigné des autres chasseurs et chiens, c’est justement pour ne pas avoir la pression de cette première journée. Tout doit se passer calmement et en dilettante. Si vous êtes trop stressé, votre chien le ressentira et sera bien moins confiant. Même si d’autres chasseurs affichent des tableaux bien supérieurs, cela n’est pas grave, l’important avant la quantité, est surtout la façon dont le gibier a été prélevé. La notion de compétition ne doit en aucun cas intervenir lors de cette première journée.

Si un jour l’idée vous prend de participer à un field, il vous sera possible ce jour là de vous mesurer à d’autres concurrents, mais vous risquez fort de ne pas y rencontrer vos collègues “viandards” de l’ouverture, car dans ces épreuves non plus, ce n’est pas le plus gros carnier qui gagne. Laissez leurs le plaisir futile des vantardises de comptoir et ménagez comme vous l’avez entrepris une parfaite progression dans la préparation de votre élève.

En fait, comme je viens de vous le faire remarquer sous un angle quelque peu ironique, un ou deux oiseaux parfaitement prélevés lors de cette première journée, valent souvent bien mieux qu’une profusion mal acquise. Plus votre chien aura de possibilité de rencontre de gibier, plus il aura d’occasions de faire des fautes. Il en va de même pour vous. Il est toujours préférable dans un premier temps de laisser l’élève sur une ou deux actions menées de façon parfaite, pour qu’il réfléchisse calmement au travail qu’il a exécuté. Des actions de chasse répétées à deux ou trois jours d’intervalle sont souvent très bénéfiques, car elles permettent de mesurer la progression de l’élève et sa façon d’assimiler le travail sur le gibier.

Inutile de rajouter, que toute action commencée doit se terminer sur phase positive. Vous comme votre chien ne devez jamais rester sur un échec.

UN DRESSAGE RESPECTÉ C’EST UNE MEILLEURE ÉTHIQUE POUR LE CHASSEUR

À la longue, le dressage se solde souvent à la correction d’une somme de petites erreurs. Pour autant, le premier jour, mieux vaut rester sur des actions bien nettes et propres. Il faut donc toujours garder à l’esprit la volonté de dresser plus que celle de prélever. Très vite l’éthique du chasseur-dresseur sera la plus forte et vous amènera à une totale complicité avec votre chien.

Le chasseur qui est respectueux du travail de son chien durant ses deux premières années d’apprentissage, adopte forcément une conduite qui influera plus tard sur sa façon de chasser. Avoir un chien dressé et l’entretenir dans ce sens, aide le chasseur à avoir une bonne éthique de la chasse. En contraignant son chien, il s’oblige à adopter un comportement correct face au gibier, face au chien, mais aussi à tout l’environnement.